Yi So Hui - “Le mariage est une greffe : ça prend bien ou mal.”

Dans un monde où règne l’uniformité, il est difficile de parler de beauté. So Hui aime ses longs cheveux, elle ne les couperait pour rien au monde. Elle a d’ailleurs ce réflex inconscient de tripoter ses mèches quand elle réfléchit et de les entortiller autour de son doigt quand elle est inquiète. Ses amis la trouvaient belle, sans artifice. Sourire l’aide à maintenir ce genre de beauté, dit-elle. Les traits fins, de ceux qui n’ont pas connu la faim, les tracas de la vie, qui n’ont pas une famille à assumer. Les trais d’insouciance. C’est dans ses yeux qu’on peut apercevoir la douleur, la peur aussi. Malgré son âge, ses yeux ne sont pas des yeux d’enfant. Pour le reste, So Hui est plutôt mince, sans être malade. Elle a la peau claire sans forcément craindre le soleil. Elle veille à être soignée car on lui a répété qu’une femme ne peut pas sortir sans maquillage. Alors elle a toujours un miroir avec elle pour vérifier que tout va bien.

So Hui a appris avec le temps qu’on ne pouvait pas tout dire, que les gens ne s’intéressent pas aux malheurs des autres et jalousent le bonheur. Elle est fille unique et, à part sa mère, n’a jamais construit quelque chose de profond avec quelqu’un. Bien sûr, elle a été une enfant et une adolescente « normale », avec des amis. Les autres aiment sa spontanéité et sa façon de se moquer d’elle. Ils apprécient son optimiste et sa discrétion. So Hui est à l’écoute des autres, une fille sympa comme on en voit à la pelle. Mais sincère, avec excès pourraient dire les raisonnables. So Hui est quelqu’un de passionné, qui aime avec disproportion ou déteste avec trop de force.

Pourtant, peu peuvent prétendre la connaitre par cœur. Elle ne se dévoile pas et si elle écoute avec attention, elle partage peu. Ses amis la trouvent secrète, certains y sont habitués, d’autres trouvent ça agaçant et insultant. Ce n’est pas par timidité – So Hui est timide par éducation – c’est qu’elle ne fait pas confiance. La seule chose intéressante que lui a appris son père c’est que son meilleur ami reste soi et qu’il ne faut jamais montrer à l’autre ses faiblesses.

Car So Hui est une personne fragile, facilement émotionnée. Ce qu’elle déteste le plus chez elle ? Son empathie. Ses autres défauts ? Elle les adore. Elle aime chipoter sur des détails, donner son avis quand on ne lui a rien demandé et n’en faire qu’à sa tête. C’est une forme de liberté dont elle aime jouir. Elle n’ira jamais dans le sens des autres, sauf si quelque chose de plus grand est en jeu. Fidèle à ses idées, elle n’est pas rebelle. Elle ne comprend d'ailleurs pas ceux qui se battent pour tout changer. Elles les trouvent égoïstes.

L’histoire de Lin So Hui – son nom de naissance – n’est pas si différente de celle des autres. Après tout, chacun porte ses propres souffrances. C’est une histoire marquée par la violence d’un père dénué d’amour et d’une mère fragile. C’est l’histoire d’une jeune fille trainée d’une prison à une autre. Pourtant, ce n’est jamais cette histoire-là qu’elle vous racontera.

So Hui n’est pas ce que l’on peut appeler une enfant désirée, une enfant de l’amour. Elle ne connait pas son vrai père, puisqu’elle est née d’un viol. Lorsqu’elle a appris l’origine de sa conception, So Hui a éprouvé le sentiment étrange d’être rassurée. Rassurée de ne pas partager le même sang que celui qu’elle appelle père : Lin Hyun Su. Sous ses apparences nobles et son sourire d’homme à qui le succès réussi, Hyun Su est un père et un mari tyrannique. Marié à sa mère par ambition, il n’a jamais éprouvé une once d’affection pour elle et encore moins pour cette enfant illégitime. So Hui n’est qu’un pion qui, bien placé, lui permettra d’agrandir son influence et s’octroyer les bonnes grâces du Dictateur.

C’est dans cet environnement empoisonné qu’elle grandit. Loin de faire d’elle un esprit rebelle, So Hui comprend très vite qu’elle doit se plier aux exigences de son père, ce dernier ayant compris que sa mère était le seul élément affectif pouvant faire flancher la jeune fille. Si So Hui n’accorde que peu d’importance aux autres, c’est parce que cette dernière occupe une place bien plus importante. Et voyant sa mère fragile, l’adolescente s’est mise en tête que c’était à elle qu’incombait le rôle de la protéger.

A 20 ans, son éducation de femme issue de bonne famille s’achève. Après ses études, So Hui décide de se lancer dans l’écriture et voit le métier de scénariste comme une sorte d’exutoire. Elle pense son calvaire fini, se voyant déjà faire carrière, devenant suffisamment indépendante financièrement pour s’éloigner, elle et sa mère, de ce tyran. C’est pourtant une autre nouvelle que vint lui annoncer son père : son mariage. Son père s’est en effet arrangé avec le père d’une autre famille et une alliance a été conclue ; ils marieront leur enfant. Absolument contre – le mariage restera pour elle un acte d’amour – So Hui se rebella contre son père. Mais c’était sans oublier qu’il tenait sa mère sous son joug. « Je ne garantis pas la sécurité de ta mère si tu n’épouses pas cet homme. ».

Avant de s’installer avec lui, elle n’avait vu qu’une seule fois Yi Hwang Sun, lors d’une rencontre organisée par les deux familles. Les parents, attendris par leurs silences, ont pensé qu’ils étaient timides. Elle ne déteste pas Hwang Sun, mais elle ne l’aime pas non plus. Elle ne préfère pas s’attarder sur ces détails. Il n’est pour lui qu’un objectif à atteindre pour assurer la sécurité de sa mère.

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